République ( Rue de la )

L'ouverture de cette belle rue en 1845 est directement liée à la construction d'une nouvelle gare pour les trains assurant la liaison Montpellier - Nîmes. M. Didion, ingénieur en charge de la conception de cet établissement, souhaitait que la façade du bâtiment soit mise en valeur. Pour cela il demande la création d'une perspective et oriente son établissement pour qu'il soit visible  depuis le boulevard de l'Observatoire et le boulevard du Jeu de Paume.

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Pour créer cette perspective il a été nécessaire de tailler dans les propriétés existantes et donc d'exproprier une partie des  vastes enclos appartenant pour l'essentiel à la famille Durand pour la partie ouest, au Marquis de Montcalm pour la grande partie centrale et à M. Henri René qui avait acquis l'Enclos des Cordeliers à l'est.
La nouvelle rue fut d'abord appelée «  rue Municipale » jusqu’en octobre 1849, puis « rue Saint-Roch » et enfin « rue de la République » à partir de 1882.

Durant son mandat de maire (1790-1793) Jean-Jacques Durand  a fait combler les douves au pied de la Tour de la Babote. Ceci a eu pour résultat d'assainir le secteur et de créer le boulevard de l'Observatoire ainsi que l'actuelle rue Victor Hugo. (Cette dernière fut construite sur le fossé des arbalétriers en direction de la comédie). Il fit aussi dévier plus au sud le bras du ruisseau les « Aiguerelles » qui alimentait les douves. L'entrée  de la ville devant la Porte de la Saunerie se trouva considérablement améliorée et assainie du fait de la disparition d'eaux stagnantes et nauséabondes, véritables égouts à ciel ouvert.
Face à cet espace ainsi dégagé, il a fait construire sur sa propriété une grande et belle auberge « l'Hôtel du Parc ». Il en  a confié la gestion à M. Bimar (maître de postes, commissionnaire et chargeur) qui  avait une importante entreprise de roulage et de diligences au niveau de la Tour de la Babote.  Les voyageurs, les marchandises, les chevaux d'attelage des voitures utilisées pour les transports, ainsi que tous les commis, cochets, servants et servantes font qu'une grande animation règne dans ce secteur de la ville.
L'Hôtel du Parc, encore appelé «Auberge du Parc», était un immeuble de belle facture comprenant au-dessus de deux caves un rez de chaussée supportant deux étages, où les voyageurs pouvaient dormir et se nourrir.
Les services et remises étaient dans une annexe de l’hôtel dans l'actuelle rue Victor Hugo.  Et pour faciliter les allers et venues entre les différents bâtiments  de son entreprise,  M. Bimar obtint de faire ouvrir à ses frais une porte dans la Tour de la Babote en 1795.
L'hôtel du Parc fut démoli pour ouvrir la rue de la République et l'entreprise Bimar subsista sous le nom de   « Messagerie du Midi » avant de disparaître, victime de la concurrence ferroviaire.

En ce début de XIXème siècle, le marquis de Montcalm, général de brigade  descendant du  marquis de Montcalm qui s'est illustré au Québec, vient tout juste d'acquérir un vaste enclos pour y construire un Hôtel particulier. L’entrée de la demeure se situe dans la rue qu'on appelle actuellement rue Joffre et l'arrière de l'immeuble donne sur un grand parc. Cet hôtel, artistiquement décoré, abrite une très riche collection de tableaux de Raphaël, Greuze, Philippe de Champaigne… Et le parc est arboré d'essences recherchées.  (Les conifères situés derrière la porte du parc sont classés. Les pierres, utilisées pour la construction de cette demeure,  proviennent de la démolition en 1814 d' une « Colonne de la Liberté » érigée sur l'esplanade en 1791.)
Le percement de la rue de la  République ampute le parc d'une bande de terrain  qui le partage en deux. L'Hôtel particulier, avec la partie du parc qui lui est accolée, est acheté par l'armée en 1853 pour y loger le général commandant la 10ème division militaire. Plus tard la ville de Montpellier  en fait l'acquisition  et prévoit  d'y aménager un musée de « L'histoire de France et de l'Algérie ». En 2014, la nouvelle municipalité  réoriente ce projet vers la création d'un « Centre d'Art Contemporain »  dont l'ouverture est prévue pour les prochaines années. Le parc sera bientôt ouvert au public sous le nom de « Parc Roblès ». Emmanuel Roblès, homme de lettres né à Oran et  ami de Camus, a fondé une maison d'édition et créé une revue.
La partie du Parc qui s'est retrouvée de l'autre côté de la nouvelle artère, est devenue terrains à bâtir et a été lotie dès la seconde moitié du XIXème siècle. On peut voir, datant de cette époque, de très beaux bâtiments haussmanniens  comme celui qui abrite la « Maison de la Démocratie » au n° 16. Ils témoignent de la richesse de leurs propriétaires et de la volonté de la ville de s'embellir selon le modèle parisien.

La maison Mitjavile se distingue par ses murs en  briques roses. Sur sa façade on peut lire une enseigne de pierre indiquant l'activité des propriétaires.

On construisit aussi des immeubles abritant des hôtels et des immeubles pour des entrepôts comme cela est nécessaire près d'une gare. (Au n° 5  on remarque sur la façade la réutilisation d'un entrepôt en garage automobile.)
On trouvait aussi  plusieurs grands cafés au niveau de cette belle rue. Il reste actuellement le « Café des Négociants » dont l'enseigne témoigne d'une activité économique et sociale qui a marqué pendant trois quart de siècle la vie de la ville et de sa région.

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, Montpellier a créé un « marché aux vins » le mardi après midi pour concurrencer le marché de Béziers qui se tenait le vendredi. Les tractations se faisaient Place de la Comédie entre les courtiers qui avaient prospecté les producteurs de vins et les négociants « fabricants de vins ». Ceux -ci  vendaient ensuite les vins qu'ils avaient élaborés en  pratiquant des coupages et des assemblages à partir des vins achetés aux producteurs par l'intermédiaire des courtiers. Cette activité  nécessitait de vastes entrepôts dont on retrouve les traces dans le quartier.
Tout ce gentil monde se divertissait affaires conclues. Les plus fortunés entretenaient une maîtresse, les autres utilisaient les services des « demoiselles » actives dans les rues du quartier en particulier rue des Etuves.
Ce marché a perduré jusqu'au milieu du XXème siècle.
Quand le transport automobile s'est développé, une compagnie de cars (les cars verts Alvergne) avait pour terminus ce café des Négociants. Les cars empruntaient la rue d'Alger pour se diriger vers le Lodévois.

La rue de la République  est empruntée depuis avril 2012 par les lignes 3 et 4 du tramway.  Ce tracé reprend celui d'un tram hippomobile qui a fonctionné de 1880 à 1883 avant d'être remplacé par un tramway électrique en 1898. Ce dernier  cessera de fonctionner en 1949 du fait de l'usure du matériel et du développement de l'automobile.

 

Bibliographie :
Montpellier secrète et dévoilée. Roland Jolivet. Imprimerie Fournié, Toulouse.
Histoire des vieilles rues de Montpellier.  Henri Louis Escure.  Les Presses du Languedoc. 1984.
       Internet : Montpellier ville application delta.

 

 


 

 

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