Cheval vert ( rue du )
La rue du Cheval vert doit son nom à l’existence d’une auberge ainsi dénommée. Elle commence à la jonction du Cours Gambetta et de la rue André Michel et finit rue du faubourg de la Saunerie.
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Vers 1810, un nommé Glaise acheta l’auberge et la rue prit son nom mais, en 1852, le conseil municipal redonna à la rue son ancien nom.
En novembre 1784, Charles Bonaparte, déjà malade, avait fait le voyage jusqu’à Aix-en -Provence ; il accompagnait son jeune beau-frère qui entrait au séminaire. Souffrant énormément, il consulta le docteur Tournatori ; celui-ci jugeant son cas très grave, lui conseilla d’aller jusqu’à Montpellier où il y avait des médecins de grande renommée et un bon climat. Il logea d’abord à l’Hôtel du Parc, sur la place du faubourg de la Saunerie. La découverte d’une tumeur maligne à l’estomac nécessitait un traitement immédiat. Peu fortuné, il loua hors la ville, une modeste maison meublée, retirée, située dans la rue Castillon actuelle à l’angle de la rue du Cheval Vert ; cette maison aujourd’hui démolie occupait une partie de l’emplacement sur lequel fut construit l’immeuble portant le n° 3 de la rue du Cheval Vert. Il fut soigné par sa logeuse, Mme Louise Delon. Il décéda en février 1785, âgé de 39 ans. Il fut inhumé au couvent de l’Observance (aujourd’hui le Rockstore, mais qui fut un cinéma, où en 1928, fut projeté le Napoléon d’Abel Gance et aussi un garage). À cette époque, un édit du roi interdisait l’inhumation dans les églises mais le Parlement de Toulouse avait autorisé celles qui étaient situées hors de la ville. Celle des Cordeliers étant hors la ville, la dépouille fut alors déposée dans le caveau des Cordeliers, caveau se trouvant dans l’église reconstruite après le siège de 1622.
Au printemps 1803, Louis Bonaparte vint à Balaruc et résida dans une campagne que la famille Durand avait mise à sa disposition. Ce fut ainsi qu’il fit la connaissance de Jean Bimar à qui il confia l’exhumation et l’acheminement de la dépouille paternelle vers Saint-Leu où il avait un château. Ceci dans le plus grand secret car le conseil municipal de Montpellier avait fait part de son souhait d’élever un monument à la mémoire de Charles ; mais la réponse du premier consul, invoquant l’ordre privé de l’évènement, coupa court au projet. Les restes du corps furent mis dans une caisse doublée de plomb ; déclarée contenant une pendule, elle voyagea en diligence jusqu’au château. Après la débâcle napoléonienne, le domaine de Saint-Leu fut restitué au prince de Condé en 1819 ; la dépouille fut alors déplacée dans l’église paroissiale de Saint-Leu, avant d’être de nouveau, en 1951, à la demande du prince Napoléon, rapatrié à Ajaccio et inhumé dans un mausolée, aux côtés de sa femme Lætitia et de certains de leurs descendants.
En 1954, l’Amicale des Corses de Montpellier demanda que la rue devienne Rue Charles Bonaparte, en souvenir de son séjour. Cette demande fut rejetée mais en 1963 une plaque fut apposée sur l’immeuble. À noter qu’autrefois, il y avait deux rues dont l’une était appelée Bonaparte et l’autre Napoléon. Ce sont les actuels boulevards de Strasbourg et rue de Metz ainsi rebaptisés en octobre 1870.
(In Histoire des vieilles rues de Montpellier. L. H. Escuret)
Publié dans Rue du Cheval vert